rapport de Philippe BET concernant l'intérêt à constituer des réserves archéologiques à Lezoux et suggérant un parcours archéologique dans le cadre du projet Bompard (musée départemental) . CLERMONT-FERRAND, octobre 1999. Tous droits réservés.
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LEZOUX, quelques repères
Les ateliers de potiers antiques de Lezoux furent, avec ceux de Millau-La Graufesenque, le centre de production céramique le plus important de lEmpire romain. Sur plusieurs dizaines dhectares, les fabricants lézoviens façonnèrent plusieurs centaines de millions de vases. Ces produits étaient exportés, grâce à un réseau commercial efficace, dans tout le nord de lEmpire romain. Cest ainsi que les poteries de Lezoux sont fréquemment découvertes en France, en Grande-Bretagne, au Bénélux, en Allemagne, en Suisse, en Hongrie, en Roumanie et même parfois en terre barbare, au-delà du Limes, comme en Pologne.
Parmi les productions, la plus importante et la plus notable est celle de la sigillée. Il sagit dune céramique à vernis rouge brillant, dont les formes (plus de 230) répondaient à des critères typologiques stricts. Un fort pourcentage de vases était moulé et présentait des décors végétaux ou issus du répertoire romain (mythologie, scènes de gladiature, etc.). La sigillée a été fabriquée durant les cinq premiers siècles de notre ère, avec des techniques, des styles ou des formes qui ont évolué ou changé. Aussi, le moindre fragment de céramique sigillée de Lezoux découvert sur un chantier archéologique en France ou en Europe est considéré comme une découverte importante, pouvant dater la couche dans laquelle il a été trouvé avec une précision dune ou de quelques décennies. Par delà cette simple utilisation de la sigillée comme un chronomètre pour les archéologues, ces tessons sont aussi le reflet direct de la diffusion de la romanité à travers tout lempire.
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Les débuts de la production
Si la période protohistorique semble occuper une place non négligeable sur le territoire de la commune de Lezoux, seul un seul four de potiers de lâge du fer atteste actuellement une activité potière préromaine. Cest au tout début du premier millénaire de notre ère, probablement dans la dernière partie du règne dAuguste, que les premières officines de céramique de type romain commencèrent leur activité. A côté de céramiques fines cruches à engobe blanc, lagènes rouges, les premières sigillées, tant lisses que moulées, dénotent la forte influence des ateliers du nord de lItalie. Certains décorateurs semblent même avoir utilisé des poinçons italiques et des potiers affichent, dans leurs estampilles, leur filiation avec le centre céramique dArezzo, en Toscane. Les débuts de Lezoux sont dailleurs étonnants par leur technicité, lampleur des moyens et des hommes mis en place. Près de 120 potiers et une dizaine de décorateurs ont déjà été identifiés1 pour cette première phase de production, qui na duré guère plus quune trentaine dannées. Ce démarrage semble si soudain quil faut sans doute voir derrière la main de riches negociatores, qui ont décidé limplantation dunités de production importantes pour simposer sur le marché. Malgré une bonne diffusion à leur commencement vers des contrées lointaines, les ateliers lézoviens paraissent devoir ensuite sincliner devant les exportations de sigillées de Millau, et dans une moindre mesure, celles de Montans. Tout cela pose des questions, auxquelles il est bien difficile de répondre : doù venait cette main-doeuvre spécialisée, pouvait-elle être uniquement dorigine indigène, quest-elle devenue ? Il semble cependant que lhypothèse de potiers ayant travaillé en Italie soit la piste la plus vraisemblable.
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La grande période de Lezoux
Alors que la production de la sigillée a fortement décru, voire cessé, vers la fin du deuxième quart du Ier s>, celle des céramiques fines ne connut pas de solution de continuité. Sous les Flaviens, et grâce sans doute à laction de grands commerçants, Lezoux va connaître un important renouveau, tant au point de vue des formes, que des styles décoratifs. Au début du IIe s., ce mouvement se poursuivit et saccompagna dun grand changement technique ; les potiers employèrent alors une argile calcaire qui permettait dobtenir des vases avec un vernis parfaitement étanche. Durant tout le IIe et le début du siècle suivant, les produits de Lezoux furent massivement exportés et occupent la part principale du marché de la sigillée. Dans le courant du IIIe s., lactivité régressa ; elle fut accompagnée dune baisse de qualité et de larrêt des grandes exportations. Celle-ci saccrut jusquau début du Ve s., époque à laquelle les potiers lézoviens fabriquèrent les dernières coupes sigillées moulées (forme Drag. 37) de tout lEmpire romain, ces vases qui, durant plusieurs siècles, ont véhiculé une certaine image de la romanité jusquaux endroits les plus reculés des provinces.
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Après la période romaine
Une activité potière est attestée à Lezoux depuis le Moyen Age jusquà la période contemporaine, mais sans jamais atteindre lampleur et la spécificité des ateliers romains. Cependant, la manufacture Bompard fabriqua grès et faïences, aux XIXe et XXe s., qui furent diffusés sur une échelle assez vaste grâce au réseau des magasins de lÉpargne et à des commandes du ministère de la guerre. Didier Marty (poterie de la Croix des Rameaux, rue de la République), Annie Bernard (Atelier du Tour de la Terre, avenue du Dr Corny) et Gérard Morla2 sont les actuels représentants de lactivité céramique de Lezoux.
Les structures de production antique
Les ateliers de potiers de Lezoux étaient répartis, sur le territoire actuel de la commune, en plusieurs agglomérations qui pouvaient regrouper plusieurs dizaines dofficines. Les plus importants de ces groupes dateliers furent ceux de la rue Saint-Taurin, de Ligonnes et de la route de Maringues. Ceux de la rue Saint-Taurin, situés au centre du bourg actuel, sont probablement les plus vastes avec une superficie de plus de 20 hectares et plusieurs centaines de potiers attestés.
Les structures qui subsistent de ces ateliers sont principalement des fours, des aires de préparation de largile, des bâtiments. Ils sont généralement construits avec des fragments de tuiles ou de grands éléments en terre cuite.
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Découverte du site et premières exploitations
Cest juste avant la Révolution Française que le passé antique de Lezoux resurgit à loccasion de travaux sur la propriété de M. de Chazerat, à Ligonnes. Plusieurs dizaines de fours de potiers gallo-romains auraient été alors été découverts. Depuis lors, lattention des collectionneurs se porta sur Lezoux et les cabinets dantiquaires du monde entier senrichirent de leurs découvertes. A la fin du XIXe s., le Dr E. Plicque, par ses multiples fouilles et acquisitions, amplifia les recherches et constitua une solide collection. Cest en grande partie grâce à lui, bien quindirectement, que des travaux plus scientifiques virent le jour. Ainsi, J. Déchelette, dans Les Vases Céramiques Ornés de la Gaule Romaine, en 1904, synthétisa ces données. Dautre part, sa collection acquise par de grandes institutions3 fut à lorigine de plusieurs travaux fondamentaux. Dautres collectionneurs continuèrent des recherches désordonnées, laissèrent leur nom à la postérité, mais malheureusement aucune publication. Vers le milieu du XXe siècle, quelques amateurs, comme J. Martin et Ch. Fabre, firent leffort de publier quelques articles ou opuscules. Un intérêt local, ne se limitant plus à quelques notables, se développa alors ; il se concrétisa par la création du Comité Archéologique de Lezoux à la fin des années 50, puis dun musée municipal contrôlé. Une mission anglaise, sous la direction de B. Hartley et du professeur Frere, fut à lorigine de la reprise des fouilles en 1963. H. Vertet, chercheur au C.N.R.S., put rapidement contrôler ces recherches, assurer la conservation sur place de la plus grande partie du mobilier découvert et entreprendre de nouvelles fouilles. Celles-ci eurent lhandicap de nêtre quune suite de sauvetages menés avec les faibles moyens qui étaient ceux de larchéologie dalors. Larrêt des fouilles sur la ZAC de lEnclos en 1987 permit au centre archéologique de décupler son activité et davancer considérablement dans la connaissance de la céramique lézovienne, en renouvelant la recherche. Il a permis la réalisation de plusieurs thèses, de DEA et de nombreuses maîtrises. En 1991, suite à un appel doffre international lancé par la sous-direction de larchéologie, un programme triennal de recherche fut mis en place.
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La mission de recherche instituée par le ministère de la culture
En 1991, la masse documentaire réunie sur Lezoux était considérable, bien que lacunaire et très partielle. Afin davoir une documentation homogène et renseignée sur le site de Lezoux plus particulièrement sur les ateliers de potiers gallo-romains de Lezoux, la sous-direction de larchéologie a mis en place un programme de recherche jusquen septembre 1994. Dans ce cadre, tout le territoire de la commune a fait lobjet dune vaste enquête. Des prospections au sol ont permis dexplorer plus dun millier dhectares en milieu labouré, 500 sondages ont permis deffectuer un échantillonnage représentatif sur la sensibilité archéologique des différents secteurs de Lezoux, 1500 carottages dexplorer les milieux fortement urbanisés et de contrôler dautres méthodes de prospections. Des prospections au magnétomètre à protons, au résistivimètre ou par carroyage ont affiné la connaissance de certaines zones sensibles. Des prospections aériennes par U.L.M. ont, en revanche, complété la connaissance des abords des ateliers et ont fourni une documentation photographique de premier plan grâce à un suivi vidéo (1 million dimages enregistrées). Le tri-inventaire du dépôt de fouilles, qui réunit deux millions dartefacts provenant des quarante dernières années de fouilles, a pu être réalisé à environ 50 % ; il a fourni une connaissance matérielle des ateliers fouillés précédemment et une caractérisation des productions. Lensemble des données, outre un archivage classique et graphique, bénéficie dun traitement cartographique informatisé très puissant qui relie toutes les données acquises.
Depuis 1994, des opérations archéologiques de petite et de moyenne ampleur sont réalisées, sur lensemble de la commune de Lezoux, à linitiative du Service régional de larchéologie qui gère également le dépôt de fouilles archéologiques et la base de travail de limpasse Pasteur.
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PRESENTATION et PRESERVATION DU PATRIMOINE ARCHEOLOGIQUE A LEZOUX
Une cité des potiers à Lezoux ?
Depuis de nombreuses décennies, la ville de Lezoux se présente principalement sous lappellation ambiguë de cité des Potiers. Cette expression est équivoque à plusieurs titres. En effet, elle ne désigne pas, comme cest le cas pour la ville de Vallauris dans le Var, un lieu vivant où travaille un grand nombre de potiers. Cest principalement pour répondre à cette première contradiction, que la municipalité sest employée à faire venir un potier à Lezoux au milieu des années 80. Aujourdhui, deux ateliers artisanaux fonctionnent, avec plus ou moins de difficultés, dans la commune. Un atelier de poterie, créé par le CRDV, fonctionne de façon non continue au château de Montsablé. La population potière contemporaine se prête donc difficilement à ce qualificatif de cité. En fait, la cité des Potiers réfère au passé antique et aux centaines de potiers dont le nom nous est connu grâce à leurs estampilles. Pour cette raison, lexpression apparaît entaché dinexactitudes puisque dans lAntiquité, le terme de cité la civitas désigne précisément un chef-lieu et son vaste territoire ce qui ne saurait sappliquer à Lezoux. Inversement, si lon désire retenir la définition contemporaine de cité, celle-ci serait également impropre au regard de la vision archéologique. En effet, seuls des groupes dateliers de potiers distants les uns des autres de plusieurs kilomètres ont été reconnus. De plus, pour aucun dentre eux des édifices publics nont été découverts 4 et laspect mono-activité caractérise tous ces lieux. Tout cela ne milite guère en faveur dun vicus ou dune agglomération secondaire. Quoiquil en soit, le visiteur qui sarrête, soit en raison de la renommée du lieu ou des quelques panneaux qui ly invitent, se sent quelque peu frustré dans sa halte. Lorsquil livre la cause de sa déception, celle qui revient le plus souvent réside en labsence de présentation de vestiges archéologiques.
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une prise de conscience
Cet état de fait peut changer, malgré les destructions massives ou ponctuelles qua subies le patrimoine archéologique lézovien. Les vestiges dateliers de potiers antiques sont des sites archéologiques originaux et uniques, qui nont guère déquivalents dans le monde. Il existe également sur la commune, surtout en zone de limagne, un grand nombre de sites dhabitat ou de petites exploitations agricoles qui sont intéressants mais qui ne présentent pas cette particularité propre aux officines gallo-romaines. Si pour les uns, des fouilles préventives peuvent suffire, pour les autres, il faudrait prendre la ferme décision de les ménager et de tout mettre en oeuvre pour les préserver. Nous proposerons aussi un phasage en trois périodes. Le premier correspond à ce qui peut être fait rapidement, dans un délai relativement court, sur une dizaine dannées. Le deuxième correspond à lobjectif à moyen terme, sur environ vingt-cinq années. Enfin, le troisième est la perpective à long terme sur tout le siècle à venir. Alors que nous sommes dans une phase de réactivation des projets archéologiques concernant les ateliers de potiers, tant dans le Puy-de-Dôme que dans lAllier, ce phasage pourrait apparaître comme excessif, dans les durées annoncées, aux différents acteurs de ces projets. En effet, des phasages en 30 ou 60 mois seraient peut-être plus compatibles avec lenthousiasme et le désir de déboucher rapidement sur des réalisations. Le quart de siècle que nous venons de passer sur le site nous a cependant offert une vision longue forgée par des générations dinterlocuteurs, de multiples projets, des grandes opérations et le souci constant de maintenir une recherche sur place. Les grandes fouilles de la nécropole des Religieuses, de lOeuvre Grancher, de la Z.A.C. de lEnclos ont déjà maintenant plus de 10 ou 20 années dâge, alors que cela nous semble être quhier. Les grandes déclarations de principe, les articles ronflants des journaux, les perspectives alors annoncées nous invitent aujourdhui à une grande sagesse. Ce qui est important aujourdhui cest de sengager concrètement et résolument dans un programme et de sy tenir. Nessayons pas de rattraper le temps perdu en essayant, par exemple, de fouiller en quelques mois de nouveaux sites dans le seul but dune présentation au public. Ce but-là est tout à fait honorable puisque nous devons un retour de notre savoir à nos collègues et à un large public, mais il ne doit pas être lunique finalité. La constitution dune connaissance nécessite du temps de travail, de réflexion, de confrontation avec dautres chercheurs, des communications et des publications. En labsence de cette démarche, tout ne serait que caricature.
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Aucun pouvoir administratif, politique ou scientifique ne devrait porter atteinte au potentiel archéologique préservé dans les espaces que nous présenterons plus loin. Lessentiel est avant tout de préserver lavenir sans lhypothéquer gravement. Il nous apparaît cependant certain que si, pour quelque raison que ce soit, il était nécessaire de choisir entre constitution de réserves archéologiques ou la fouille dun site, seule la première proposition saurait être agréée dun point de vue scientifique.
Nous sommes convaincus, si ce document arrive à résister à lépreuve du temps, que ces propositions seront relues avec un regard complice par ceux qui auront alors en charge le patrimoine archéologique de Lezoux.
Les fours de potiers de la Z.A.C. de lEnclos
La fouille de la Z.A.C. de lEnclos a été lune des plus grosses opérations archéologiques menées à Lezoux. Réalisée par Ph. Bet avec des subventions du ministère de la culture, elle a été pénalisée par son ampleur et le manque dencadrement professionnel. Plusieurs travaux universitaires (maîtrise, DEA, thèse) ont été menés sur ce site. Les vestiges mis au jour concernent principalement des ateliers de potiers du début du Ier s. de notre ère jusquà la fin du Bas-Empire. Cest sur ce site que les preuves archéologiques dune poursuite des productions sigillées au IIIe s. ont été découvertes, bouleversant le système chronologique global institué en Europe par des chercheurs anglais. Cest également là quune série véritablement unique de poinçons-matrices a été mise au jour, ainsi quun mobilier céramique notamment moulé de premier plan tant pour le début du Ier s. que pour la fin du IIe s. et le IIIe s. Cette fouille a été très importante dans le renouvellement complet des connaissances opéré à Lezoux depuis 1987.
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Deux scénarios sont envisageables. Le premier exploite uniquement lexistant, cest à dire la parcelle AS 405 (réserve archéologique municipale) et une portion de domaine public cadastrée sous le n°AS 375. Il permet de présenter le plus grand four à sigillée de lOccident qui a fonctionné à la fin du IIe s. et au IIIe s., ainsi que deux fours circulaires du IVe s. La seule parcelle AS 405, dune superficie de 150 m2, est dune taille insuffisante pour présenter correctement ces vestiges. Lextrémité même du canal de chauffe du grand four se trouve sous le trottoir. Il est à noter que, même avec cette proposition minimale, laménagement sarrêtera au droit de la chaussée5. Le terrain nécessaire est de 270 m2, lespace supplémentaire étant prélevé à un espace municipal servant de lieu de stationnement non organisé. Le parking subsistant présente une superficie de 310 m2.
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Le second scénario nécessite lutilisation de la parcelle AS 374, au moins en partie sur 286 m2, pour présenter une centaine de mètres carrés de vestiges archéologiques supplémentaires. Ceux-ci consistent en un four du milieu du Ier s. à double alandier (F. 46), dun four rectangulaire du IIe s. (F. 48), dun angle de bâtiment entouré de trois tombes denfants (F. 43 à F. 45). La zone de présentation archéologique couvre une superficie de 550 m2. Le parking visiteur peur être porté à 700 m2 si toute la partie restante de la parcelle AS 374 est employée dans le projet.
La quasi-intégralité des surfaces archéologiques a déjà été fouillée, mais il est indispensable de prévoir les prélèvements archéomagnétiques sur lensemble des fours des parcelles AS 374, 375 et 405, même si la solution basse est retenue. Des reconstitutions de four grandeur nature devront être proposées et la collaboration avec le laboratoire de céramologie de Lyon (Armand Desbat) devra être recherchée.
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La nécropole des Religieuses
Hugues Vertet a fouillé la nécropole des Religieuses entre 1972 et 1976. Sur près dun demi-hectare (la parcelle AP 136 a une superficie totale de plus de 8000 m2, mais seule la partie est du terrain était occupée par la nécropole), il a pu dégager 180 tombes gallo-romaines, une sépulture du néolithique, des tombes et un fossé laténiens, ainsi quun grand nombre dinhumations médiévales. La quasi-totalité du terrain a été fouillée, mais la nécropole sétend plus à lest, vers la rue des Religieuses, et plus au sud, vers la rue Clemenceau. Le projet de lotissement qui avait motivé lintervention a été finalement abandonné et le terrain ne sert plus que de pré attenant à une exploitation agricole .
Il serait sans doute possible dacquérir une petite portion de terrain, denviron 200 mètres carrés 7, et de créer un espace de présentation de 50 à 100 m2. Son but serait la présentation de cette nécropole, ce qui nentre pas dans la vocation du musée qui sera installé dans Bompard. Le passage aux différents rites dinhumation et dincinération sera ainsi évoqué depuis le Néolithique. Il sera ainsi possible dexposer le squelette de la Petite Huguette, auquel le public et les habitants semblent vivement attachés, ainsi que des cippes et des reconstitutions de sépultures.
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Ce lieu permettra également de faire découvrir aux visiteurs des notions danthropologie et de datation par le radio-carbone. Il est également possible dintégrer le pigeonnier, édifié en pisé , cadastré AP 125 dune superficie de 14 m2.
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Un espace mérovingien aux Saint-Jean
A langle de la rue des Saint-Jean et de lavenue Blaise Pascal (R.N. 89), il existe un petit délaissé de terrain denviron 430 m2 le long du mur du cimetière. Composé des parcelles AP 248 à 252, il se situe à lemplacement de fouilles dirigées par Hugues Vertet entre 1974 et 1976. Des structures dateliers de potiers du milieu du IIe s. avaient alors été découvertes, ainsi quune nécropole du haut Moyen Age et du Moyen Age. Deux tombes aristocratiques avec de précieux bijoux ont même été mises au jour. Lespace proposé se compose dune salle dexposition de 100 m2, dune aire de stationnement accessible par la rue des Saint-Jean et dun mur aménagé dune longueur de 34 m. Celui-ci peut, par sa position stratégique le long de la route nationale, servir de faire-valoir du patrimoine archéologique lézovien ou, par sa situation limitrophe au cimetière, être constitué de grandes plaques dargile cuite ou seraient tracés les 1200 noms de potiers antiques connus à ce jour, sorte de mémorial de lidentité de Lezoux. La salle dexposition serait davantage axée sur la période mérovingienne que romaine, avec la présentation de la nécropole fouillée et des copies des objets en or. Ce lieu servira aussi, en quelque sorte, de musée lapidaire avec la présentation des sarcophages médiévaux mis au jour lors du creusement de nouvelles sépultures dans le cimetière.
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Les aires de préparation de largile de lOeuvre Grancher
De 1977 à 1979, durant près de treize mois, Philippe Bet et Hugues Vertet ont dégagé une série daires de préparation de largile des IIe et IVe s. de notre ère. Chacune delle avait une superficie de 120 m2 et était constituée par lassemblage dun millier de tuiles romaines. Situées entre létablissement Mon Repos et les écoles primaires, elles constituaient, sur près de 80 m de long, tout un quartier dédié à la préparation de largile à sigillée. Elles témoignent de lextraordinaire quantité de glaise nécessaire à la production céramique de Lezoux et de la rationalisation des tâches.
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Un secteur archéologique de 562 m2 peut être redégagé à lemplacement dun parking et dune allée de la maison de retraite Mon Repos. Le parking, dune capacité de 27 places et dune superficie de presque 600 m2, pourrait alors être ramené à 15 places sur 400 m2. Deux grandes aires de préparation de largile (dénommées F. 34 et F. 117) pourraient alors être remises au jour, ainsi que trois petites aires intermédiaires, deux aires du IVe s. et un fossé damenée deau. La plus grande partie de ce secteur a été fouillée, il faudra cependant prévoir la fouille complémentaire de quelques petites zones dune superficie totale inférieure à 100 m2 ou leur préservation en tant que réserve archéologique.
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Les ateliers de Ligonnes
Dans la partie nord-ouest de la commune de Lezoux, Ligonnes fut à lorigine de la découverte des ateliers de Lezoux juste avant la Révolution française. Des nombreuses fouilles dantiquaires et de collectionneurs, peu de choses nous est parvenue. Notre connaissance de ce groupe dateliers se résume aux informations livrées par deux fouilles, celle dHugues Vertet au milieu des années 60 et le sauvetage de Kristell Chuniaud en 1994, au lieudit Le Rincé en bas de versant. Les vestiges sont dans un bon état de conservation. Le degré darasement du site semble être moins élevé ici que dans dautres secteurs de Lezoux ; nous avons bon espoir que des sols de circulation soient conservés puisquun chemin antique a pu être dégagé par H. Vertet. Le terrain fouillé par celui-ci (AV 130) a été remis en culture. La parcelle AV 132, qui a fait lobjet du sauvetage urgent, a une superficie de 3369 m2. Elle a été acquise par la commune qui a fait construire deux abris pour protéger deux secteurs de la fouille. Celle-ci8 a porté sur 65 m2 et ne peut être présenté en létat puisquelle ne correspond quaux travaux anarchiques engagés par le précédent propriétaire. Elle a permis la mise au jour de vestiges dateliers des Ier et IIe s. Le nombre de vestiges mobiliers attribuables au décorateur Austrus est tel quil est probablement envisageable de voir en ce lieu son lieu de travail, avant son départ vers lest de la Gaule, à Blickweiler. La fouille de ce terrain permettrait enfin dappréhender la notion dofficine antique à Lezoux, de suivre le passage de productions précoces, aux céramiques fines de la première moitié du Ier s. de notre ère puis à la sigillée.
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Les ateliers de la route de Maringues
Le groupe des ateliers de la route de Maringues est lun des sites principaux de la production céramique durant lAntiquité. Il a été fortement dégradé par linstallation dune zone résidentielle depuis la fin des années 50.
Au début des années 60, Hugues Vertet entreprit une fouille aux Plantades qui lui permit de découvrir des fours et des aires de préparation de largile du IIe s. Déjà, à lépoque, il insista pour quune politique archéologique de maîtrise foncière soit engagée sur lensemble de la commune. Le terrain des Plantades fut alors acheté à la commune, ainsi quune petite bande de terre à un propriétaire privé. Les fouilles furent alors suspendues pour se porter sur des secteurs plus menacés. Au début des années 90, les prospections demandées instamment par la sous-direction de larchéologie à lEquipe archéologique pluridisciplinaire de Lezoux a permis de localiser précisément la zone des ateliers. Les prospections magnétiques et électriques dAlain Kermorvant livrèrent une image archéologique dune grande qualité de plusieurs parcelles.
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En 1993, lors de la révision du P.O.S., les parcelles non encore bâties de ce groupe dateliers furent classées en zone Nd* afin des les préserver. Pour faciliter leur acquisition par la collectivité, une subvention de 50 % du ministère de la culture était alors envisageable.
Au point de vue archéologique, la reprise des fouilles sur tout ce secteur permettrait de mieux comprendre le passage des sigillées siliceuses aux sigillées calcaires 9, entre la fin du Ier s. et le début du IIe s., lévolution des parois fines engobées, de la sigillée noire puis de la céramique métallescente, les productions de céramique fine du début du Ier s.
Les fouilles dH. Vertet nont été que partiellement rebouchées, mais leur présentation au public nest réellement envisageable que par une reprise densemble des travaux archéologiques sur ce secteur 10
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Les ateliers dOcher
Le hameau dOcher, dans la partie sud de la commune, a gardé son identité et na pas cédé au charme du modernisme. Il recouvre en partie un groupe dateliers de potiers dont nous ne connaissons que peu de choses. Un four de potier a été détruit lors du creusement dune tranchée de réseau au milieu du hameau, deux fours ont été coupés lors de travaux sur le C.D. 223 au milieu des années 70, un four a été tranché lors du creusement dun fossé de drainage agricole en 1977. Notre connaissance du site sest cependant considérablement accru, de manière non destructive par les travaux de lEquipe archéologique pluridisciplinaire de Lezoux. Des prospections au magnétomètre à proton ont été effectuées en 1992 par luniversité catholique de Louvain-la-Neuve et linstitut météorologique de Dourbes sur plusieurs hectares de terrain autour du hameau. Des sondages et une enquête orale ont également été effectués. Ces recherches ont permis de déterminer des zones non occupées et des secteurs dateliers de potiers. Des carottages ont confirmé la présence de fours.
De même que pour le groupe des ateliers des Fromentaux, il faut concevoir à Ocher une action de maîtrise foncière et ne pas envisager dopérations archéologiques avant plusieurs décennies.
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Les ateliers de sigillée et de tuiliers des Fromentaux
Entièrement situé en milieu rural dans la partie nord-est de la commune, le groupe des ateliers des Fromentaux est une opportunité réelle. En effet, il est encore possible dacquérir lensemble du site pour permettre sa sauvegarde. Les prospections menées par Alain Ferdière, dans le cadre des travaux de lEquipe archéologique pluridisciplinaire de Lezoux, ont permis de localiser très précisément deux rangées de fours. Aucune fouille ne devrait être envisagée à court ou moyen terme.
La place de Prague et la rue des Saint-Jean
De grands terrains, de part et dautre de la rue des Saint-Jean, restent à ce jour non bâtis. Il convient quils le restent parce quil nest pas envisageable de procéder à des fouilles partout sous peine dêtre submergé par la documentation et contraint à des choix scientifiques qui seront regrettés par la suite. De même, pour la place de Prague, tous travaux portant atteinte au sous-sol risquent de se transformer en catastrophe archéologique. Mener une fouille préventive sur une place de plus dun hectare de superficie serait dun coût trop élevé. Il convient de préserver tout ce secteur, en apportant peut-être des remblais de terre conséquents pour satisfaire un aménagement paysager de cette place et en bannissant résolument tout projet de nouvelles constructions en ce lieu. Les vestiges datelier de potiers gallo-romains et de la ville médiévale qui se trouvent sous cette place ne peuvent être traités dans la précipitation.
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La signalisation
Elle est importante pour renforcer limage identitaire de Lezoux, pour assurer linformation des visiteurs, mais également dans le but de préserver le patrimoine. Nous ne prétendons ici que lancer quelques pistes. Ainsi, une des aires de repos de lautoroute A 72 pourrait avoir une dénomination en rapport avec les ateliers de potiers antiques.11 A Lezoux même, le château deau de Montsablé, qui surplombe lautoroute pourrait être transformé en mortier sigillé de forme Drag. 45. Ce mortier présente un bandeau supérieur cylindrique orné par un relief dapplique représentant un mufle de lion. La gueule du lion est percé pour servir de déversoir. La forme du château deau, ainsi que sa fonction, se prêterait fort bien à cette transformation. Elle mettrait en avant une forme céramique inventée à Lezoux vers la fin du IIe s. et qui connut un énorme succès durant tout le Bas-Empire, au point dêtre copiée par un grand nombre dateliers de potiers dans lest de la Gaule.
Ce rappel de lAntiquité pourrait sappliquer également dans les futurs ronds-points de la commune. Déjà dautres villes, en France, ont tenu à présenter leur passé antique de cette manière. Ainsi, à Millau, un gigantesque calice Drag. 11 est représenté au centre dun rond-point. A Lezoux, lun des ronds-points pourrait sorner dun vase hémisphérique dun grand décorateur de Lezoux et lui rendre ainsi hommage12. Le potier Paternus ayant déjà sa rue près de la gare, il serait possible de saluer de cette façon luvre de Cinnamus o} celle de Libertus. Sur lautre rond-point, pourquoi ne pas faire une copie à lidentique, par un sculpteur régional, de la statue du Mercure de Lezoux, actuellement conservé au Musée des Antiquités Nationales, à Saint-Germain-en-Laye.
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A lemplacement des sites qui ne peuvent être mis en valeur, il serait important de transmettre au public des informations sur les vestiges mis au jour. Elles pourraient prendre la forme de bornes placées sur les trottoirs. Les groupes dateliers de potiers méritent une signalisation toute particulière. Des panneaux, placés perpendiculairement aux voies principales, seront installés à lentrée des ateliers. Ils mentionneront les données archéologiques principales et rappelleront quelques extraits de textes de loi. De plus, certains vestiges particulièrement importants, comme, par exemple, le four à métallescente découvert en mai 1999 route de Maringues, bénéficieront dun marquage au sol. En plus dune information utile à lamateur et au touriste, ce traitement permettra déviter toute destruction accidentelle lors de travaux ultérieurs.
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En conclusion
Nous avons rassemblé ici toute une série de propositions. Certaines seront peut-être retenues rapidement et réalisées dans quelques années. Dautres attendront très probablement plusieurs décennies, ou même davantage, avant de se concrétiser. Ce qui est le plus important, à nos yeux darchéologues, cest de préserver le potentiel archéologique encore existant avant quil ne soit trop tard. Il faut constituer, avant tout, des réserves pour lavenir. Certains secteurs sont encore en zone agricole et ne coûtent que quelques francs au mètre carré. Il faut impérativement les acquérir durant les prochaines décennies et les entretenir.<$B0>
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Cadre88 liste des illustrations
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